CE QUE NOUS VOULONS

Il serait facile de reprendre ce beau slogan d’il y a quarante ans, oublié depuis. « Ce que nous voulons ? TOUT ! ». Ce serait facile, trop facile. Ce que nous voulons vraiment, c’est sauver un morceau de notre territoire qui résiste encore à la ville. Nous ne voulons pas, tout simplement, que le pays des murs à pêche – ce qu’il en reste – devienne une banalité de plus.

Les villes atroces qui entourent Paris paient le prix d’un siècle d’urbanisme criminel. On y a entassé, on y a envoyé des millions d’ouvriers et de paysans déchus pour y créer exactement ce que nous ne voulons pas. Un dortoir. Parfois un dépotoir où les relations entre les hommes sont ramenées au dérisoire. Nous méritons d’avoir des lieux différents, où se traitent les affaires variées et complexes qui peuvent occuper nos vies. Des lieux de travail, le moins éloignés possibles de nos domiciles, comme ce fut le cas pendant des millénaires. Des lieux de repos, de vrai repos, où les murs protègent l’intimité, où le fracas de la ville ne se fait plus entendre, où la famille, la solidarité, les amis sont les valeurs premières. Des lieux de circulation adaptés au monde malade qui est le nôtre. Efficaces et rapides, reposants, sûrs.

Mais nous ne saurions oublier que la vie humaine est aussi évasion, rêve, poésie, déambulation, flânerie, errance, émerveillement devant une libellule, sieste à l’ombre d’un arbre, flirt au soleil, amour. Le domaine des murs à pêches est exactement ce que l’univers marchand n’a pas réussi à dérober à la ville. Aussi bien, nous ne céderons pas sur ce qui est le cœur de notre engagement. TOUT ce qui n’a pas été urbanisé, tout ce qui n’a pas été massacré par le béton et l’urbanisme fou des années 60 doit être conservé.

Voulons-nous un musée ? Non, non et non ! Nous voulons un pays vivant, de son temps, où l’État et la commune laissent se dérouler une aventure dont toute la ville a besoin. Nous ne voulons pas être les seuls à profiter de ce merveilleux cadeau. Aux murs à pêches, chacun doit être le bienvenu et apporter sa pierre à l’édifice. Mais savez-vous tout ce qui s’y passe déjà ? Savez-vous qu’il y a des expositions, un lieu de concert, un apiculteur, des jardiniers, du théâtre, des fêtes, des arbres et de l’herbe ? Avez-vous entendu parler de nos amis de l’association Léz’arts dans les murs ? Du Jardin de la Lune ? Du Sens de L’Humus ? Autant de petits trésors que nous vous invitons à découvrir.

Nos murs à pêches à nous, nous les mettons sous le patronage avisé de Prévert, de Tati, de Queneau. Ils sont les ancêtres, nous sommes les continuateurs. Avis à tous ceux qui en rêvent déjà : ne touchez pas aux Murs à pêches ! N’y touchez pas, ils sont à nous; ils sont à vous! N’y touchez pas, ils sont à tous !

4 réflexions sur “CE QUE NOUS VOULONS

  1. Bonjour à tous les passionnés de pêches et de murs!

    Il y a quelques années à la recherche de point de vue,
    je découvrais le haut Montreuil.
    Banlieusard de l’Ouest, je découvris la banlieue Est avec son lot de cités HLM semblables à une cité HLM ordinnaire avec des barres et des tours.

    Cependant quand on gratte un peu comme partout en belles lieues
    et en se laissant guider entre autre par d’anciens habitants de la rue Le Nain de Tillemont, (ma famille par alliance),
    on adopte déjà une curieuse attitude à creuser l’histoire.
    Donc ce Le Nain de Tillemont 1637-1698 était historien et en
    plus un disciple de Mabillon, inventeur de la diplomatie.

    Donc, on gratte, puis on va un peu plus loin, réalisant un survol virtuel de la zone on mesure alors l’importance que couvrait les kilomètres de murs construits pour la gloire de la pêche depuis fort lointain,
    fruit quand on lui apporte une attention particulière
    s’offre à croquer.

    Surprise dans les murs à pêches, des zones à détritus.
    (Pour cela il existe des déchèteries).
    Donc pas de pêches mais une vie intense, lieu de vies, enfants, habitants, commerçants, associations très actives avec une envie majeur et certainement commune; maintenir les murs debout.

    La magie du lieu se fait ressentir dès les premiers instants, ceil très proche, ondes positives, calme, murs murmurant mais n’emmurant pas, bien au contraire.

    C’est pour cela que j’ai pour la première fois dimanche dernier, j’ai participé au stage de rénovation des murs à pêches organisé par l’association, et là quel bonheur, la terre noire, les murs de pierre assemblé au plâtre teinté de charbon et de Gypse fer de lance(on le trouve entre 15 et 60mètre de profondeur).
    La pluie, pas grave, le soleil, tant mieux, mais surtout des rencontres avec ces passionnés: Merci aux Pascal, Jean le cuisinier, mais aussi Jean-Frédéric Berger, formateur MH.

    Et à très bientôt je l’espère

    Laurent

    PS
    Je reprendrai l’écriture un peu plus tard pour dire
    d’autres choses à propos de ce étonnant lieu.

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  2. Une petite réponse à ce que nous voulons me vient de la définition du Tiers paysage, livré par Gilles Clément :

    « tiers paysage renvoie à tiers – état (et non à tiers – monde). Espace n’exprimant ni le pouvoir ni la soumission au pouvoir.

    Il se réfère au pamphlet de Siesyes en 1789 :

    « Qu’est – ce que le tiers-état ? – Tout.
    Qu’a – t – il fait jusqu’à présent ? – Rien.
    Qu’aspire – t – il à devenir ? – Quelque chose. » »

    Les murs à pêches, aujourd’hui, c’est quand même pas rien, mais je pense qu’on peut dire qu’ils aspirent (et nous surtout on l’aspire) QUELQUE CHOSE!

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